Visiter Chypre sur une semaine - récit d'un road trip entre amies

17 September 2025
5 min

Sommaire

First things first : L’humidité ! On voyage souvent pour en prendre plein les cinq sens. Chypre aura donc mis plusieurs des miens à rude épreuve. Dès la sortie de l’avion, les presque 80 % d’humidité indiqués par l’application météo nous ont asséné le premier coup. Pourtant, Chypre n’est pas le premier pays qui vient en tête lorsqu’on pense à un pays aux conditions climatiques intenses. Chypre n’est ni le désert de Gobi, ni la jungle primaire d’Amazonie, ni la Terre de Feu. C’est une île émergeant du bleu azur de la Méditerranée. Elle est ensoleillée, antique et notablement transformée en lieu de villégiature estivale pour des Anglais en manque de vitamine C.

À ce titre, beaucoup de villes côtières sont familières, anthropisées à coups de Guinness à la pression et d’English Breakfast. Nous sommes donc loin de l’aventure et de l’inconnu, surtout pour ceux qui sont familiers avec l’Angleterre.

Alors, pourquoi voler quatre heures vers un pays frontalier du Liban et de la Turquie pour retrouver une familiarité accessible en moins de temps, via la côte méditerranéenne française ou celle de nos voisins espagnols, pour des prix presque équivalents ? Pour les mêmes raisons qui font que nos lieux du quotidien peuvent être une perpétuelle source d’émerveillement. Si je lutte contre mon premier instinct de chercher en tout ce que je connais déjà, si je refuse la sécurité qu’offre la familiarité, alors l’aventure, même avec un petit "a", peut commencer.

Les tombeaux des Rois

Je dois préciser que c’est la dimension historique de l’île qui m’intrigue le plus à mon arrivée. Foyer historique des dieux grecs, île partagée entre deux pays, point de commerce antique entre l’Europe et le Moyen-Orient. D’un point de vue historique, l’île a tout pour plaire. Une fois quittée la ligne côtière de Paphos, ville touristique par excellence, Chypre offre un premier aperçu de ce qu’elle fut et est toujours : ce fameux croisement de cultures, de dieux et d’époques. C’est une île antique, mycénienne et hellénistique. La visite des tombeaux des Rois a été le premier pas vers cet aspect de l’île que je cherchais.

Parfaitement instagrammables, ces tombes sont un majestueux refuge contre la chaleur. Malgré leur nom, aucun roi n’y repose, mais leur architecture s'inspire des tombes égyptiennes, avec d'imposantes colonnes doriques, de vastes cours ouvertes et des chambres funéraires souterraines.

L'Akamas

La traversée historique de l’île continue jusqu’à la réserve d’Akamas et sa biodiversité exceptionnelle. changement de décor, on passe des collines arides au maquis méditerranéenne. Il faut vite oublier la voiture pour visiter ce coin sauvage et préservé au nord-ouest de l’île.

Akamas c’est surtout le début des mythes. Selon la légende, c’est dans l’un des cours d’eau de la région, qu’Aphrodite, déesse de l’amour, se baignait et aurait rencontré Adonis. Le dit bain est bien moins impressionnant que les tentaculaire figuier qui le surplombe. Mais ce qui m’a le plus impréssioné est juste à côté : un point de vue panoramique sur la Méditerranée. Cette vue confirme ce que les dieux ont vue en cette île: un refuge digne de leur grandeur. Les couchés et levés de soleil rajoutent toujours une forme de magie supplémentaire aux lieux, le littoral chypriote ne fait pas exception.

Polis

Non loin d'Akamas, la petite ville de Polis est le point de jonction entre la nature sauvage d'Akamas, un littoral digne d'Ibiza et le quotidien des Chypriotes. Fan de chats, je suis au comble du bonheur. Sous les 38 degrés à l'ombre, moi, mon amie, et nos amis félins n’avons qu’une envie : faire la sieste. Une fois arrivées à l’hôtel, ce lieu tant espéré pour ledit repos, nous sommes accueillies par le gérant des lieux et une limonade maison à la recette ancestrale. Le vieux monsieur, adorable, nous présente le portrait de sa mère, la créatrice de la dite boisson, très rafraîchissante, si l’on aime beaucoup le sucre !

L’immense photo, trônant au mur du hall d’accueil, nous plonge directement dans les années 70, période très probable de la construction du bâtiment. C’est probablement l’une des rares rencontres locales et sincères que nous aurons faites dans ce voyage, car, touristes que nous sommes, nous avons surtout échangé en anglais avec des serveuses pressées et des loueurs Airbnb.

Les gorges d'Avakas

Après une nuit à l’hôtel, nous quittons Polis pour les gorges d’Avakas. Encore une fois, l’objectif est de profiter de la beauté naturelle de l’île sans trop subir son climat chaud et humide. Si ce n’était pas déjà assez évident ! Mais ce jour-là, l’aventure commence bien avant notre arrivée aux gorges.

À l’aéroport, nous avions loué pour notre road trip une petite Kia Picanto. Nous avions hésité à prendre plus grand, mais le prix et les retours de la tante de mon amie, qui vit à Nicosie et traverse l’île dans une petite voiture, nous avaient confortées dans notre choix de prendre le plus petit modèle possible. Conclusion : oui, Chypre peut se faire en caisse à savon, si vous n’avez pas peur du bruit sur l’autoroute et surtout, si vous restez sur des routes ! Malheureusement pour nous, nous sommes allés aux gorges quelques années trop tôt. Fort heureusement, à l’inverse du trajet pour s’y rendre et repartir, la balade dans les gorges fut magique et paisible. Le lieu est parsemé de lauriers et de figuiers grimpant sur les parois. Un dieu ou une déesse a sûrement dû y passer du temps quelques siècles auparavant.

Petit village "atypique"

Imaginez arriver, après une journée bien remplie, dans un petit village chypriote, au sommet d’une colline. Les petites maisons en pierre, les routes sinueuses qui mettraient tout conducteur de SUV en sueur. Imaginez un petit hôtel de 5 chambres maximum, en pierre, avec, au centre, une bien trop nécessaire piscine. Mais ajoutez à cela des sanitaires dans lesquelles nous ne pouvons pas jeter le papier toilette (la norme sur l’île). Imaginez maintenant le petit restaurant avec la terrasse sous les vignes, les nappes à carreaux. Rajoutez à cela une odeur de friture, qui étrangement ouvrirait presque notre appétit, et quelques taches sur la nappe, histoire de rappeler que d’autres se sont régalés avant nous. Si l’on regarde de près, nous sommes loin des dernières assiettes à la mode et du prochain hôtel sponsorisé que l’on verra dans nos feeds. Rien de quoi perturber nos esprits, qui sont sortis reposés et prêts pour la suite de notre périple vers la mer et le rocher d’Aphrodite. Pour reposer nos corps, par contre, il faudra attendre notre retour en France !

Imaginez arriver, après une journée bien remplie, dans un petit village chypriote, au sommet d’une colline. Les petites maisons en pierre, les routes sinueuses qui mettraient tout conducteur de SUV en sueur. Imaginez un petit hôtel de 5 chambres maximum, en pierre, avec, au centre, une bien trop nécessaire piscine. Mais ajoutez à cela des sanitaires dans lesquelles nous ne pouvons pas jeter le papier toilette (la norme sur l’île). Imaginez maintenant le petit restaurant avec la terrasse sous les vignes, les nappes à carreaux.

Rajoutez à cela une odeur de friture, qui étrangement ouvrirait presque notre appétit, et quelques taches sur la nappe, histoire de rappeler que d’autres se sont régalés avant nous. Si l’on regarde de près, nous sommes loin des dernières assiettes à la mode et du prochain hôtel sponsorisé que l’on verra dans nos feeds. Rien de quoi perturber nos esprits, qui sont sortis reposés et prêts pour la suite de notre périple vers la mer et le rocher d’Aphrodite. Pour reposer nos corps, par contre, il faudra attendre notre retour en France !

Limassol

Les bâtiments type année 70, 80 et les chats sont des thèmes récurrents de notre voyage. Bien que vieillots, les hôtels que nous prenons sont généralement économiques mais aussi bien entretenus, celui de Limassol n’a pas fait exception.

La grande ville côtière et cosmopolite a des airs de Marseille avec son autoroute qui scinde la ville en deux. D’un côté les immeubles, îles artificielles et bord de mer anthropisée par les montages financiers. De l’autre de vieux monastères et châteaux perdus au milieu des zones résidentielles. On retrouve dans le centre-ville les nouveaux espaces à la mode : food hall, petit café moderne, brunchs, boutiques locales. Avec ces lieux où touristes et locaux se croisent, Limassol offre sa propre version de la ville moderne, adaptée aux dernières versions du tourisme de masse. C’est donc un lieu où il fait bon profiter, entre marina pour bateau de luxe, plages et ruines antiques.

Mont Olympe et la montagne

Après les plaines désertiques et le bord de mer rocailleux, changement radical de décor alors que l’on se rapproche du domaine des dieux ! Les arbres grandissent, s’épaississent au fur et à mesure que nous arrivons dans les montagnes du centre de l’île. La route sinueuse traverse des petits villages autant que des séries d’hôtels. Il n’y a donc pas que les Olympiens qui apprécient cette région de l’île. La fraîcheur et les paysages sont clairement favorisés par les locaux. Le centre de l’île offre de nombreuses opportunités de randonnées et de balades familiales, notamment autour de la ville de Platres, notre arrêt pour la nuit.

Notre objectif des deux jours passés là-bas : se rendre aux chutes et au sentier de Calédonie. Malgré un coup de chaleur pour l’une et une chute pour l’autre, ce fut une des plus belles expériences du séjour. Marcher le long d’un cours d’eau en montagne ramène à une image idyllique de la nature qui surpasse toute séance de méditation.

Nicosie

L’arrivée à Nicosie, la capitale, fut l’occasion pour moi de confirmer que, que l’on conduise à droite ou à gauche, le défi reste le même pour quelqu’un qui, comme moi, ne conduit pas au quotidien. Vive le vélo, la marche et les transports en commun quand c’est possible ! La petite Kia nous a permis de découvrir des paysages inaccessibles autrement. Cependant, marcher fut la meilleure manière de profiter de la capitale. De plus, nous étions très bien accompagnés par la tante de mon amie et son conjoint, qui vivent sur l’île depuis plusieurs années. Durant notre court séjour dans la capitale, ils nous ont fait traverser la ville et ses différentes époques.

Entre les petits cafés, les vieilles bâtisses, les mosquées et les églises, il est difficile de ne pas voir que Nicosie est divisée en deux. Que ce soit du côté chypriote ou du côté turc, les traces du conflit sont visibles, notamment dans certaines rues, aux points de passage à la frontière, avec les barbelés, et les trous causés par les balles sur les bâtiments de l'ONU. Des deux côtés, on peut également admirer les vestiges d’une histoire plus ancienne : du Moyen Âge avec les caravansérails turcs, de l’Antiquité avec les ruines grecques, et de l’époque moderne avec les remparts vénitiens du XVIe siècle.

Larnaca

Si une ville devait être citée pour illustrer le contraste presque redondant entre passé et modernité, Larnaca serait certainement l’exemple le plus parlant. Dans une même rue, nous passons des immeubles typiques du bord de mer des années 70 et 80 au château datant des croisades. Nous y passons notre dernière nuit et profitons de l’occasion pour manger ce que chacune a préféré pendant le séjour dans un restaurant du front de mer recommandé par la tante de mon amie. Mezze, kebab, halloumi, feta, tout y passe. Sans oublier la glace, bien sûr, bord de mer oblige.

Le lendemain, un dernier arrêt dans petit café moderne, parfait pour un brunch, avant de repartir vers Paphos et prendre le vol qui nous ramène en France. Dernier arrêt historique également, avec l’église de Saint-Lazare et la mosquée de Umm Haram. Cette dernière, associée à la nourrice du prophète Mohammed, se situe au bord d’un lac salé et non loin d’un point de distribution DHL. Notre époque apporte son lot de surprises urbaines.

Pendant 8 jours, j'ai dû mon salut à la mer, aux forêts et à la climatisation. J'ai donc dû compter sur un outil que j'ai toujours mal regardé et jugé inutile, même dans mon sud toulousain, qui n’a pas à rougir face aux 40 degrés que nous avons pu avoir pendant notre périple. Pendant 8 jours, Chypre a comblé mon amour de l'Histoire à coups d'amphithéâtres antiques, d'édifices religieux grandioses et d'autres traces antiques.

Chypre est à la fois proche et dépaysante. Ses côtes azur, sa langue rappellent la Grèce, ses spécialités culinaires rappellent la Turquie et le Liban. Tout en cumulant les points de similitude touristique avec ses voisins, Chypre n’en reste pas moins une île unique, forgée par le croisement des cultures et des populations voisines arrivées jusqu’à elle.

Suggestions d'articles

No items found.